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Réseau Afrique Jeunesse

Ensemble pour une jeunesse dynamique, active, responsable et engagée dans le processus de développement

Jeunesse, gouvernance, paix et démocratie en Afrique de l’Ouest

Mody NDIAYE

La coordination des jeunes sur la gestion des conflits, la paix et la bonne gouvernance en Afrique de l’Ouest, issue du Forum des partis politiques,

des médias, et de la société civile de Cotonou

Dans ce début du 3e millénaire, trois constats justifient aujourd’hui une réflexion sur la situation des jeunes :

Le monde a changé 

Il s’amorce une 3e révolution industrielle accompagnée d’un passage à l’ère de la communication. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont réduit le monde en un village planétaire ou les effets deviennent de plus en plus uniformes et rapides. Les grandes puissances y trouvent leurs comptes et les autres sont emballés.

La société a changé 

Dans beaucoup de pays, ce siècle qui s’achève a vu la transition entre une société agraire et une société à dominante industrielle marquant ainsi le passage d’une société rurale à une société urbaine. Les structures familiales ont aussi changé et on assiste à une dislocation de plus en plus persistante du tissu familial. L’exode rural et le chômage massif altèrent profondément l’équilibre entre générations. La société africaine n’échappe point à ces bouleversements et les conséquences sont désastreuses dans l’espace de la CEDEAO.

Les problèmes de la jeunesse constituent une équation difficile à résoudre

L’équation concernant la jeunesse s’est posée pendant bien des années ; elle a commencé dés les premiers temps de l’après indépendance. Des tentatives de résolution ont été mises en œuvre mais les résultats restent faibles voire vains sur le plan éducatif et socio-économique. Il est urgent de trouver les réponses idoines aux problèmes de la jeunesse dans les Etats, aux niveaux sous-régional, régional et mondial, articulées autour de politiques jeunesse intégrées et productrices de résultats.

La notion de « politique de jeunesse » s’est enrichie, est devenue « globale » et donne aujourd’hui une place importante à la participation des jeunes à la prise de décision, à un engagement actif au sein de la communauté voire à la construction de la nation et non plus seulement au développement de leur personnalité.

Ainsi donc, pour éviter le chaos des années à venir, il est important de trouver la bonne réponse à la question : quelle politique de la jeunesse dans l’espace de la CEDEAO ?

I. Situations des jeunes : contexte et tendances

Contexte mondial

La plupart des repères anciens ont été bousculés depuis 1985 et plus particulièrement depuis 1989 qui restera probablement comme une année charnière de l’histoire du XXe siècle.

Si l’on s’accorde à constater qu’avec l’effondrement du bloc soviétique l’ancien équilibre d’un monde bipolaire a disparu, force est de constater également que la bipolarité <<centre - périphérie>> n’en a pas été, pour autant, affecté de façon fondamentale. Le clivage nord-sud demeure plus que jamais.

Le déséquilibre économique

Trois constats :

1) Les 20% parmi les pays les plus riches de l’humanité se partagent 82,7% du PNB alors que 80% de l’humanité se partagent les 17,3% restant ;

2) 60% de l’humanité se partagent un PNB qui représente 5,6% du total ;

3) Les 20% parmi les pays les plus pauvres se partagent seulement 1,4% du PNB.

Non seulement cet écart est énorme, mais il s’est aggravé au cours des trente dernières années. Le rapport entre le revenu des plus riches et des plus pauvres était de 30 à 1 en 1960, alors qu’il atteignait 59 à 1 en 1989. En d’autres termes, la disparité a doublé au cours des trente dernières années.

Situation et tendances démographiques

Tout le débat semble résider au niveau de la distribution inégale de la croissance démographique entre le nord et le sud. Le premier vieillit ; le second rajeunit. Toutes les projections l’indiquent : les plus grands changements de la répartition de la population mondiale se produiront en Afrique dont la part passera de 12% en 1990 à 27% en 2050. La part du monde développé reculera de 23% en 1990 à 13% en 2050 ; alors qu’au sud, la population est de plus en plus jeune ; au nord, elle vieillit.

La population mondiale, estimée à 6 milliards 200 millions en 2000 sera de 7,5 milliards en 2050. Elle s’accroît en fait de 90 millions de personnes par an.

En Afrique, la population est passée de 640 millions en 1990 à 710 millions en 1995. Elle est supposée atteindre 834 millions en 2015 et 1 milliard 600 millions en 2050. Son taux de croissance est de 3% par an.

Les moins de 25 ans représentent 50% de la population mondiale : les jeunes (10-24ans) à peu près 1/3 de la population mondiale. En Afrique, par exemple, plus de 45% de la population a moins de 15 ans. Le poids des enfants et des jeunes est donc important non seulement dans le monde, mais également dans les pays africains.

Contexte africain

L’Afrique a connu bien des infortunes dont les plus marquantes sont la traite des noirs et la colonisation. Elle a connu des moments d’espoir durant les années d’indépendance. Elle est ensuite tombée sous la férule des coups d’état militaires, s’en est relevée ces dernières années et a commencé en de rares endroits à se doter de projets de développement à fondements démocratiques.

Dans bien des domaines, l’Afrique n’a pas su tirer son épingle du jeu, laissant les initiatives aux occidentaux : la plupart des indicateurs nationaux reflètent des taux élevés de pauvreté, de mortalité maternelle et infantile, un taux de déperdition extraordinaire et un analphabétisme répandu.

Un retard économique et son impact social

L’Afrique connaît une baisse continue de son revenu par habitant. Prés de 46% des recettes d’exportation vont au service de la dette. Les programmes d’ajustement structurel (PAS) ont échoué et le NEPAD se cherche encore.

De façon générale, les économies africaines sont caractérisées par des méga tendances conduisant à une stagnation de la productivité. Elles doivent, dans un environnement instable, gérer des rythmes de croissance démographique qui limitent les modes intensifs de production agricole et qui aboutissent à ne pas assurer les conditions de la reproduction. Cette persistance de la crise économique a fortement affecté certains progrès réalisés dans le domaine social. La couverture sanitaire des populations est restée dans la plupart des pays encore très déséquilibrée notamment entre les zones urbaines et les zones rurales, entre capitale et reste du pays. L’espérance de vie reste en moyenne de 49 ans et la probabilité de décès avant l’âge de 5 ans qui reflète les mauvaises conditions des enfants, reste élevée.

La situation nutritionnelle est restée précaire dans l’ensemble de la région du fait des effets conjugués de la crise économique et de la dégradation du niveau de disponibilité alimentaire.

La démocratisation

La démocratisation envisagée sous l’angle d’un « souffle de la liberté » a connu des fortunes diverses. En effet, que ferait un Africain d’un droit de vote qui ne peut contribuer à l’amélioration de sa propre condition ?

En Afrique, on n’a toujours pas su combiner de la meilleure manière les dispositions des instruments juridiques internationaux et les expériences des autres peuples avec les richesses institutionnelles de nos sociétés accumulées depuis l’âge des temps, ni élaborer des textes adaptés à nos réalités politiques, économiques, sociales, culturelles. Il importe de favoriser l’émergence d’une mise en œuvre authentiquement africaine des droits fondamentaux qui intégrerait davantage les droits collectifs. Les droits humains se sont en effet développés au sein d’une tradition libérale occidentale centrée sur l’individu alors que la notion d’individu en Afrique s’appuie sur l’idée de communauté.

Aujourd’hui, de nombreux Etats, influencés par les mouvements de rue et l’ère de démocratisation des années 90, sont revenus à la démocratie représentative. Mais force est de reconnaître que les mandataires des populations, au lieu de recevoir leurs attributions des citoyens, sont plutôt désignés au terme d’élections souvent truquées, non transparentes sauf dans de rares Etats comme au Bénin, au Sénégal et au Mali.

Le contexte ouest-africain : l’espace de la CEDEAO

Place dans l’économie mondiale 

L’Afrique subsaharienne compte aujourd’hui 10% de la population mondiale, contribue à 1% du PIB mondial, accueille 1% des investissements directs étrangers et compte pour moins de 1,5% du commerce international. Cette marginalisation semble principalement due à une stagnation sur le long terme de la productivité qui a conduit, dans le meilleurs des cas, à une faible progression des revenus moyens et, dans l’autre, à une stagnation, voire à une régression, de ceux-ci. De plus, la stagnation de la productivité a engendré la marginalisation du continent par rapport aux flux commerciaux et financiers internationaux et a généré un endettement extérieur difficilement soutenable.

Le chômage des jeunes

Les 16 pays ouest-africains comptent 300 millions d’habitants dont la moitié ont moins de 20 ans et les trois quarts moins de 30 ans. Très souvent, le chômage atteint les 80%, surtout dans les pays en guerre ou qui en sortent, comme le Liberia et la Sierra Leone.

Or "le chômage alimente la violence et la violence alimente le chômage", a souligné M. Ahmedou Ould Abdallah, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest, lors d’une conférence de presse. Les nombreuses tentatives de clandestins de s’introduire dans les enclaves espagnoles de Melilla et de Ceuta dans le nord du Maroc pour passer en Europe illustrent la détérioration de la situation dans la région.

Un rapport de l’ONU publié en décembre a souligné l’effet néfaste du chômage en Afrique sur le développement et la pauvreté. Un autre rapport publié le même mois et intitulé "Le chômage chez les jeunes et les problèmes régionaux de sécurité", prévoit que la population de l’Afrique de l’Ouest atteindra 430 millions d’habitants en 2020. Un tel scénario accentuerait la pression sur les terres et les villes.

« Les difficultés rencontrées par les jeunes ne menacent pas seulement la paix et la stabilité de l’Afrique de l’Ouest », prévient l’émissaire de l’ONU, mais du monde entier puisque "tout le monde tente de gagner l’Europe (...) ou l’Amérique".

Une longue phase d’urbanisation rapide

L’urbanisation de l’Afrique de l’Ouest est, après l’accroissement démographique, le changement le plus spectaculaire de la région au cours des dernières décennies. Aux yeux de certains, c’est aussi le changement le plus préoccupant car rurale à plus de 80 % en 1960, la région est aujourd’hui urbanisée à près de 50%. Cependant, cette dynamique participe de la diffusion du mouvement pluriséculaire mondial d’urbanisation, par rapport auquel l’Afrique au sud du Sahara affichait un grand retard au début de la période.

La dynamique s’est accélérée entre 1960 et 1970 et la croissance urbaine a dépassé 7 % l’an. En 1980, on dénombrait quelque 2 300 centres de plus de 5 000 habitants et une population urbaine totale de 50 millions, dont 30 au Nigeria, soit des niveaux d’urbanisation de 34 % et 42 % respectivement.

Les foyers des conflits

L’Afrique de l’Ouest n’a pas su utiliser ses nombreux jeunes comme potentiel économique. Ces jeunes sont malheureusement considérés comme des poids et facteurs de blocage du processus de développement économique. De ce fait, leurs manques de prise en charge politique font que ces jeunes se laissent enrôler dans toutes sortes de crises pourvu qu’ils survivent (rébellion, bandes armées, braquages, vols à main armée…).

II. Les défis auxquels font face les jeunes

Qu’entend-on par jeunesse ?

La jeunesse est une époque de la vie intermédiaire entre l’enfance et l’âge mûr. La jeunesse ne s’arrête pas au moment de la puberté, qui n’est que le commencement du fonctionnement des organes génitaux, mais seulement vers 25 à 30 ans, selon les sujets. En Afrique, on peut être considéré comme jeune jusqu’à 35 ans.

Définir la jeunesse seulement par l’âge la réduirait à un seul de ses aspects même si c’est un acte politique majeur.

Dans les sociétés dites « traditionnelles », une cérémonie rituelle marquait le passage de l’enfant à l’âge adulte. Ainsi chacun savait-il toujours à quel univers s’identifier et quels devaient être ses modèles de référence.

Dans les sociétés modernes, la disparition progressive de ces rîtes de passage et l’inexistence de succédanés rendent plus incertaine l’entrée dans le monde adulte.

Cependant on peut légitimement affirmer, que la jeunesse constitue un groupe distinct d’individus appartenant à la même génération qui, au-delà de l’hétérogénéité de ses membres et de la spécificité de leurs expériences, obéit à une certaine dynamique sociale dans un contexte historique et structurel donné.

Dans la mesure où ils partagent certaines caractéristiques, les jeunes seront amenés à jouer un rôle social spécifique qui peut du reste revêtir des formes différentes dans des sociétés différentes. On pourra donc considérer qu’ils appartiennent à un groupe social relativement autonome possédant des aspirations et des comportements sociaux propres.

L’objectif social par excellence du jeune d’aujourd’hui serait la quête de la richesse matérielle, l’enrichissement.

Les uns sont mus par la quête de l’enrichissement, et toutes leurs actions y compris leurs pensées les plus secrètes tendent vers ce but ; les autres ne fixent comme objectif à leur action quotidienne que la survie, même s’il leur arrive de rêver de lits d’or et d’argent.

Il est impératif aujourd’hui de concourir à l’émergence d’un jeune africain digne et patriote, un Citoyen, Autonome et Solidaire, Engagé et Responsable (C.A.S.E.R).

A/ LES DEFIS SPECIFIQUES

La question de l’emploi, de la formation et de l’insertion professionnelle

Chômage et emploi : délimitation des notions

Le défi de l’emploi est important car il permet à un jeune d’avoir un statut et un pouvoir économique et augmente ses possibilités d’intégration. Mais il faut noter que ce n’est pas la clef magique. C’est un axe important mais il faut le coupler avec d’autres aspects pour que le jeune arrive à un état de bien être global.

La notion de chômage gagnerait à être précisée. Selon l’optique classique internationale, ne sont considérés comme chômeurs que ceux qui ont une qualification. Cette option est restrictive par rapport au vécu des jeunes. Nous pensons qu’il faut simplement voir comment nos jeunes vivent et sont touchés par les problèmes d’insertion dans le circuit économique global et les solutions qu’on peut leur proposer.

Insertion et approche 

Dans cette recherche de solution, devons-nous nous occuper directement et prioritairement de créer des emplois pour eux, ou nous engager dans une action d’ordre plus ou moins politique permettant aux jeunes de partager le pouvoir avec les autres groupes au niveau de la société ?

Nous devons surtout nous centrer sur l’homme et sur l’action formatrice et éducative. Il s’agit à travers l’éducation par l’action, de faire en sorte que le jeune ait la possibilité d’acquérir une qualification et de la valoriser dans un environnement fiable où il se reconnaît.

Il s’appuiera sur une attitude positive face au travail, capable d’en faire un acteur de développement à partir de ses propres ressources, s’adaptant à un monde en constante mutation, créant des emplois à partir de ses qualifications.

Jeunesse, identité et marginalisation

D’abord notre identité se définit par rapport à notre culture. Or, le constat était justement qu’en terme de culture, on n’offre pas aux jeunes des valeurs cohérentes au niveau de la société mais plutôt des valeurs opposées, irréductibles et concurrentes.

Pour poser cette identité, il nous faut raisonner, par-delà les disparités ethniques, raciales, linguistiques etc., pour ensuite trouver des réponses à la question : que devons-nous faire par rapport aux jeunes dits marginaux ? Cela d’autant plus que les jeunes marginaux ou marginalisés deviennent de plus en plus nombreux.

En effet, la tendance à la mondialisation de l’activité économique s’est renforcée progressivement au cours des dernières décennies. L’internationalisation croissante de la stratégie industrielle des grands groupes en constitue une preuve. Les jeunes en sont les premières victimes. Etre jeune et chômeur, c’est aujourd’hui être de plus en plus marginalisé et/ou dépendant ; c’est vivre une angoisse permanente quant à son avenir ; c’est renoncer à une vie stable et harmonieuse ; c’est souvent se mouvoir en dehors du creuset qui façonne le moule identitaire.

On peut comprendre l’identité comme la manière dont un individu ou un groupe se perçoit et se situe : on s’identifie certes à partir de quelque chose, mais on s’identifie aussi contre quelque chose.

La recherche de solutions passe entre autres actions par :

1) Procéder à une étude plus systématique, à partir d’une écoute active, de la manière dont les jeunes d’aujourd’hui se perçoivent et conçoivent leur propre développement ;

2) A partir d’une connaissance plus approfondie de la « culture jeune », voir comment pousser les jeunes et les accompagner vers des valeurs de promotion collective et individuelle.

Démocratisation : place des jeunes et exigences démocratiques

Le baromètre démocratique se trouve être les élections. En Afrique de l’Ouest, les jeunes, à l’image de leur poids démographique, devraient constituer plus de 60% des listes électorales si les inscriptions se déroulaient normalement et s’ils prenaient la responsabilité de s’inscrire. Il s’agit, pour participer au jeu démocratique, d’être conscient de l’importance de cette force, de s’impliquer et de participer aux élections en optant pour des choix judicieux, utiles, conséquents et responsables.

Les adultes, quant à eux, devraient œuvrer à la mise en place d’un environnement démocratique propice à l’épanouissement de toute citoyenneté et favorisant une paix durable. Ils doivent rompre avec les pratiques aussi nocives et sources de conflit comme :

1) La tenue d’élections non transparentes ;

2) Le changement intempestif des constitutions pour se maintenir au pouvoir ;

3) L’achat des votes des individus surtout des jeunes, affamés au préalable.

La tendance doit être changée par les jeunes qui doivent opter pour le refus de ces formes de pratiques tout en étant patients parce que sachant que c’est un travail de longue haleine.

L’intégration et la libre circulation des personnes et des biens

Les rapports entre les Etats africains sont, sinon d’une pauvreté affligeante, du moins décevants. Comme le note M. Marc Louis Ropivia, "alors que l’Afrique n’a pas encore achevé d’établir le bilan catastrophique de la plupart de ses institutions régionales, ses plus hauts responsables préconisent allègrement l’édification en 2025 d’une ambitieuse Communauté économique africaine dont le théâtre serait le continent tout entier (traité d’Abuja, 1991). »

Si l’intégration par le haut, à travers les SIR, semble être largement mitigée, on note en revanche une prolifération de flux transfrontaliers de marchandises et de personnes, créant ainsi, par le bas, une intégration non officielle. Pour les populations, plutôt que des obstacles, les frontières sont de véritables ressources, surtout lorsqu’elles relèvent de zones monétaires différentes, entraînant leur criminalisation à travers toutes sortes de trafics mafieux de drogue, de fausse monnaie, de la vente d’enfants, etc.

La crise des valeurs

Les jeunes ont perdu leurs repères devant l’inexistence de valeurs reconnues, promues et partagées par toutes les composantes de la société. L’absence de modèle, la perte des repères, la dévalorisation de l’effort des jeunes, la promotion des médiocres font que les jeunes s’identifient à des valeurs étrangères, sans consistance, véhiculées dans les NTIC, les séries télévisées, les journaux etc. Pourtant, pour d’aucuns, les jeunes ont des repères mais ils sont autres que ceux qu’on veut promouvoir à leur niveau. Quelque part, il y a problème lorsque nous voulons limiter la culture à la tradition. Les jeunes vivent dans un environnement qui appelle des réponses actuelles. En fait, à l’analyse, on se rend compte que le jeune vit dans un univers « culturel » propre. Cette culture se fonde sur une vision du monde qui se traduit par des règles d’actions spécifiques. Certes, on ne peut pas laisser les jeunes déterminer totalement leurs « valeurs repères » car ils sont dans un processus de transition et de maturation. Mais il faut noter qu’ils se construisent une identité et les aider à trouver des éléments d’identification positive. Ces éléments pourront servir de support pour leur développement. Il faut les accompagner dans ce processus à partir de leurs propres centres d’intérêt, les aider à découvrir et développer les aspects positifs et constructifs de leur propre vision du monde.

Il est nécessaire pour cela de :

1) Favoriser l’émergence chez le jeune d’une capacité de jugement critique, de l’aider à pouvoir lire et comprendre les influences diverses qui s’exercent sur lui et des enjeux qu’elles comportent pour son développement ;

2) Permettre de façon plus systématique à chaque jeune en fonction surtout de sa situation et de son projet de vie, de mieux identifier les aspects positifs et constructifs de sa vision du monde. L’aider aussi à construire progressivement ses valeurs pour en faire un citoyen conscient de ses responsabilités et des problèmes de son époque aux niveaux international, national, local et individuel.

Un risque majeur : le sida

Si le sida sévit dans le monde entier, c’est surtout sur le continent africain qu’il enregistre son rythme d’extension le plus rapide, y prenant parfois des proportions alarmantes. Les conséquences du sida sont dramatiques, tant pour les familles que pour la collectivité. Le sida se propage de manière rapide et accélérée avec des disparités comme entre milieux urbains et ruraux. Les jeunes et les femmes sont les principaux exposés à cause de leur position mineure et vulnérable.

Bien que beaucoup de ressources soient déployées pour mieux gérer la prévalence du sida, il faudrait reconnaître que les véritables solutions résident dans l’éducation, l’information et la communication. Il s’agit d’amener les jeunes à vivre une sexualité responsable, une vie de jeunesse réfléchie et ambitieuse.

Lutte contre les mutilations sexuelles

Les mutilations sexuelles sont des pratiques culturelles parfois justifiées religieusement que les anciennes générations tiennent à conserver contrairement à la volonté pour la plupart des concernés (les jeunes filles) et sans aucune garantie sanitaire. Bien que ce soit condamné dans plusieurs Etats, elles se pratiquent dans la clandestinité. Il est temps de prendre ce problème avec plus de responsabilité partout où cela se pratique en ne prenant pas seulement, isolément la question spécifique à la mutilation génitale mais avec toutes les formes de croyances religieuses et traditionnelles qui l’accompagnent parce que cela pose problème quand dans certaines communautés une fille non excisée est confrontée à toute forme de préjugés, à des problèmes de reconnaissance et de valorisation et risque d’être marginalisée. Il est temps de s’engager avec les autres générations à une lutte active contre ces formes de pratique.

B/ DEFIS INTERGENERATIONNELS

La nécessité de décloisonner les problèmes communs

Il s’agit dans l’analyse des défis intergénérationnels de voir comment s’accorder et prendre en charge ensemble les défis communs dans la double perspective d’établir un nouveau contrat social et de construire un nouvel environnement prompt à une vie saine et harmonieuse pour une nouvelle Afrique.

Le déficit de transfert

La relation intergénérationnelle est marquée par une crise de confiance voire une rupture ou un fossé qui chaque jour s’agrandit d’ailleurs entre les anciennes générations et les nouvelles appelé communément : crise générationnelle, due au fait d’un instinct conservateur et le refus délibéré des aînés de céder la place à la nouvelle génération animée d’une volonté, d’un dynamisme, d’une fougue de s’affirmer en un temps record.

1) Transmission des valeurs

La crise des valeurs est une réalité reconnue de tous. Biens que certains facteurs soient exogènes, il faut reconnaître que la plupart est due aux manquements de nos aînés et parents dans la transmission des valeurs. Ils n’ont pas su, sinon de conserver, à la limite d’inventer culturellement et socialement les stratégies idoines pour permettre aux jeunes d’aujourd’hui de pouvoir bénéficier de ce qui a forgé leurs caractères à eux. Ils n’ont pas su laisser la société mieux qu’ils ne l’ont trouvée.

2) Transfert de compétence

Les manquements liés au transfert des compétences se ressentent dans toutes les sphères de la société de nos jours ; par exemple, en milieu universitaire, les tous premiers enseignants ne lésinent pas à déployer toute une série d’armadas pour créer des difficultés aux jeunes générations.

L’armée, dont la spécificité en matière de discipline était sans reproche, est gagnée par cette gangrène de rapport conflictuel marquée par une insubordination chronique émanant des classes subordonnées où l’on retrouve une forte proportion de jeunes.

Dans l’éducation, les inspecteurs vus comme des gendarmes entretiennent des relations électriques avec les enseignants qui, en réalité, ont plus besoin de leurs apports en terme de renforcements de capacités et de leur accompagnement dans les tâches quotidiennes. Ces éléments sont cités à titre d’exemple.

Il nous semble que la question de la promotion de la jeunesse est juste un slogan des Etats mais n’est pas encore devenue un fondement dans l’esprit de chacun d’entre nous, individuellement et collectivement. Transférer des compétences devrait se fonder sur au moins quelques principes :

  • Beaucoup d’ouverture et de générosité dans l’offre ;
  • Nette volonté pour promouvoir les nouvelles générations ;
  • Garanties du suivi générationnel sur l’évolution de la science et la promotion des valeurs.

3) Le manque de communication et le décloisonnement social

La communauté, telle qu’elle fonctionne aujourd’hui ne favorise pas la communication intergénérationnelle et le décloisonnement social. Les différents acteurs sont tombés dans le piège du « milieu ». Le « grand place » est celui approprié pour les adultes après la retraite ; le « coin de rue » pour les jeunes ; l’espace de jeux pour les enfants ; les cérémonies pour les femmes ; et les adultes en activité, à cause de leurs obligations de prise en charge de toute la famille, passent leurs temps à la recherche du profit. Bref, chacun fait quelque chose dans son milieu et du coup personne n’est informé de ce que fait l’autre et à chaque fois on s’étonne d’être au devant de nouveautés que l’on juge sans en comprendre le sens de négatif et d’anti-valeurs.

Il est nécessaire de favoriser des cadres de dialogue permanents dans les familles comme dans les communautés dans la double perspective de réduire le déficit de communication générationnelle mais aussi de mobiliser les intrants endogènes et exogènes pour une cohésion et une paix sociale.

Pourtant, nous jeunes, on a tout a y gagner car nous devons réduire ce fossé de manque de communication pour nos jeunes frères.

La crise de l’exemplarité

Devant l’absence de modèle reconnu et partagé dans la société, les jeunes s’identifient à d’autres modèles issus des séries télévisées, des réseaux télématiques et des espaces de croyance (confréries, club, clan…). Des exemples qui portent des valeurs et sur qui les jeunes peuvent s’identifier, ils n’en existent presque plus. Cela est d’autant plus dangereux que les attitudes négatives des adultes se transmettent aussi chez les jeunes et les enfants qui apprennent plus par l’exemple. Si nous savons quel type de jeune nous voulons promouvoir dans la société, nous devons sécuriser son environnement pour qu’il y ait une cohérence entre les individus et les valeurs promues.

Lutte contre la pauvreté

Le développement peut s’appuyer sur des mécanismes endogènes. Mais, dans le cas des pays d’Afrique subsaharienne les plus démunis, divers mécanismes d’aide internationale n’en sont pas moins indispensables.

En 2000, les Nations Unies avaient défini des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD)* visant à réduire l’extrême pauvreté d’ici à 2015. De nombreux États africains sont concernés. Les fonds nécessaires à leur mise en œuvre doivent être rassemblés pour 2010 ; l’Aide publique au développement (APD) devrait alors atteindre 130 milliards d’USD (contre 80 en 2004), soit 50 milliards supplémentaires, dont la moitié destinée à l’Afrique. Mais, selon les derniers engagements pris par les pays développés du G8, il n’est pas précisé si les mesures d’annulation de la dette feront partie de ces montants.

Des mécanismes de taxation redistributive ont également été proposés. Par exemple, le Trésor britannique espère lever 4 milliards d’USD d’ici à 2015 par le biais d’un système de "Facilité financière internationale". Les Français, suivis par les Chiliens et les Britanniques, ont proposé une taxe sur les billets d’avion qui vient d’être effective en France.

À moins de 10 ans de l’échéance de 2015, les OMD des pays d’Afrique subsaharienne paraissent souvent loin d’être acquis : 42 des 47 pays concernés ne pourront pas atteindre la moitié d’entre eux et 12 pays ne devraient en atteindre aucun. Au demeurant, la définition de ces objectifs a mobilisé la coopération internationale contre la pauvreté en la dotant d’un contrat collectif et d’un calendrier, premier exemple d’une planification de développement à l’échelle mondiale. La gestion de l’aide a été recentrée sur la recherche de résultats plutôt que sur le suivi des moyens mis en œuvre. Des cercles vertueux d’un développement durable en Afrique pourraient en être favorisés.

La réflexion sur les conditions du développement en Afrique passe aussi par l’examen du couple développement - gouvernance. Comment fonctionne leur corrélation ? Une bonne gouvernance est-elle la condition d’un développement vertueux ou l’inverse ?

Le défi des conflits dans l’espace CEDEAO

Neuf parmi les seize Etats de la CEDEAO ont connu l’acuité d’une situation de conflit. Si le Libéria et la Siéra Léone viennent d’achever leur processus de DDR avec un relatif succès, d’autres comme la Côte d’Ivoire viennent seulement de démarrer. Ailleurs des Etats et des populations de la région sont encore confrontés soit à une rébellion, soit à des bandits armés. S’il est vrai que ces conflits sont facilités par la prolifération des armes légères dans la sous-région et la porosité de nos frontières, ils n’en constituent pas pour autant les véritables causes.

En effet, les trois-quarts de la population ouest-africaine ont moins de trente ans. Ce sont des jeunes qui aspirent à un mieux être ; et devant l’absence de politiques de la jeunesse prenant en compte leurs intérêts, la plupart de ces jeunes sont livrés à eux-mêmes, soumis à la cruauté de la vie.Cela explique parfois leur enrôlement dans les conflits armés ou le fait qu’ils viennent grossir les rangs des candidats à l’émigration clandestine, faute de possibilités légales.

La paix et la stabilité en Afrique de l’Ouest dépendent de la prise en charge politique de l’équation que posent les problèmes de jeunesse, du recours à la bonne gouvernance et de la valorisation des ressources humaines. Cette question est tellement cruciale que toutes les générations doivent être solidaires pour sa prise en charge responsable avec des solutions durables. Qu’ils soient gouvernants, opposants ou rebelles, les adultes doivent arrêter d’enrôler les jeunes dans les conflits et de tirer eux-mêmes les ficelles. Et pour cela, il faut convenir de mécanismes endogènes de prévention des conflits mais aussi de sanctions.

La sécurité humaine

La question de la sécurité humaine constitue un enjeu majeur pour les jeunes de la région. A la fois acteurs et victimes de violence, les jeunes et particulièrement les filles, sont exposés aux violations des Droits de l’Homme, aux confrontations armées dans les conflits et les guerres, et aux répressions sanglantes des régimes et factions politiques ne respectant pas la démocratie. Les jeunes sont porteurs d’une forte demande sociale pour échapper au dénuement et à l’extrême pauvreté. La société doit assumer une prise en charge de leurs besoins élémentaires et les impliquer dans la recherche et la réalisation des solutions durables. Pour cela, il faudrait :

Au plan individuel

1) Renforcer l’éducation des enfants et des jeunes en les aidant à développer pleinement leurs potentialités aux niveaux physique, social, économique, spirituel, émotionnel et culturel et ce, de manière intégrée et diversifiée ;

2) Faciliter l’accès aux soins de santé dans un environnement sain ;

3) Mettre en place et assurer pour les jeunes un dispositif de formation, de valorisation et d’insertion socioprofessionnelle ;

4) Aider chaque jeune à jouir pleinement de sa liberté, à vivre ses droits et devoirs, à se reconnaître dans la société et participer avec citoyenneté au jeu démocratique.

Au plan collectif

1) Oeuvrer pour une société juste et équitable qui favorise la promotion de tous ;

2) Développer une citoyenneté centrée sur la sécurité de l’individu car comme disait Baden POWELL, le fondateur du scoutisme : « il faut développer la société en développant les gens qui la composent »

Une nouvelle gouvernance

La bonne gouvernance rime avec la gestion transparente et la distribution équitable des richesses et des ressources, et les transferts raisonnés dans l’éducation et la santé qui doivent déboucher sur de meilleures conditions de vie des populations.

L’approche semble être restrictive car ne prenant pas en compte les dimensions endogènes et culturelles spécifiques aux communautés et aux Etats de la région. La réflexion devrait se situer vers d’autres mécanismes qui impliquent les expériences de gouvernance endogène dans lesquels nous nous reconnaissons. au travers des codes, de symboles et de pratiques ancrées dans nos réalités et garantissant à chaque acteur de quelque génération que ce soit, une participation active et une responsabilité plus accrue à la vie communautaire.

Et au-delà, nous préconisons l’intégration de l’éducation à la nouvelle gouvernance endogène dans les programmes d’enseignement et de formation pour préparer les enfants et les jeunes aux responsabilités qui les attendent. Là aussi les adultes ont intérêt à jouer un jeu sincère.

C- RESPONSABILITES ET ROLES DES JEUNES POUR RELEVER CES DEFIS

Les chances de développement et de stabilité de l’Afrique de l’Ouest seront sapées tant que les tendances démographiques, les politiques économiques et les pratiques de gouvernance actuelles maintiendront des dizaines de millions de jeunes sans emploi et dans le désespoir quant à leur avenir. Ce qu’il faut pour résoudre ce problème pour l’Afrique de l’Ouest, c’est une approche régionale, intégrée et complète.

Les jeunes ne doivent pas du reste attendre que les solutions tombent du ciel. Ils doivent activement participer à la recherche et prendre leurs responsabilités sur certaines questions dont ils sont acteurs ou victimes.

L’éducation, la formation et la responsabilisation des jeunes

La prise en charge éducative présente un certain nombre de limites dans la sous région :

1) Taux de scolarisation limité

2) Insuffisance du personnel enseignant et de la formation pédagogique

3) Programmes et curricula peu adaptés

4) Absence de débouchés

5) Fort taux d’échec scolaire

6) Système à quatre vitesses

7) Manque de diversification et d’enrichissement des modèles éducatifs

L’insertion dans le système éducatif et la réussite scolaire dépendent directement du milieu d’origine :

1) Les plus pauvres n’ont pas toujours accès à l’école

2) Les populations défavorisées y ont un accès limité et préfèrent souvent une formation professionnelle

3) Les classes moyennes connaissent un taux d’échec scolaire moyen

4) Les classes supérieures ont généralement accès aux grandes écoles privées.

Dans un tel contexte, l’éducation non formelle constitue un enjeu pour le développement

Les axes programmatiques investis le plus souvent au niveau des structures de l’éducation non formelle sont :

1) Alphabétisation et éducation de base

2) Education à la vie familiale et en matière de population

3) Education relative à l’environnement

4) Education à la paix et à la citoyenneté

Alors qu’il est impératif de répondre à un certain nombre de préoccupations :

  • Répondre progressivement à une demande de formation et de savoir-faire. La recherche de la qualité de l’éducation restant bien entendu une priorité.
  • Former des citoyens responsables qui puissent “comprendre” le monde.
  • Assurer une meilleure expertise en ce qui concerne les questions de planification, de gestion et de suivi de la qualité des activités éducatives.
  • Contribuer efficacement à l’enseignement formel en terme de compléments notamment dans l’enrichissement des thèmes et des pratiques afin d’aboutir à un programme éducatif attrayant pour les jeunes, mais aussi pertinent et utile.
  • Proposer des cadres d’intervention ou situations prenant mieux en charge la nécessité d’une réadaptation des programmes et méthodes éducatives.

Devant l’échec des stades d’éducation formel et informel et les offres diversifiés du non formel à capitaliser, il est urgent d’œuvrer dès maintenant pour une articulation des stades d’éducation en prenant en compte ces quelques éléments d’enjeu impératifs pour chaque jeune de l’Afrique de l’Ouest :

1. Vivre une aventure qui lui permettra de s’épanouir, de développer ses capacités, aptitudes et attitudes, de s’améliorer, de devenir leader en partenariat avec des pairs et des adultes qui le respectent, reconnaissent sa personnalité, son originalité.

2. Etre acteur de son propre développement, en suivant son rythme propre, selon ses centres d’intérêt.

3. Apprendre en agissant et agir en apprenant.

4. Apprendre par soi-même en travaillant avec des pairs, en prenant progressivement des responsabilités, en créant, en développant sa capacité d’expression, de diriger, de coopérer, de négocier, dans une saine atmosphère.

5. Vivre la démocratie, la discipline et l’autodiscipline librement consenties, participer aux prises des décisions le concernant, celles qui intéressent la vie de son groupe et les activités qui y sont menées.

6. Donner du sens à ses actions, aller au contact de l’autre, se rendre utile, servir sa communauté.

7. Acquérir des valeurs qui feront de lui un citoyen modèle

9. Découvrir d’autres personnes, d’autres cultures, d’autres contrées et apprendre à les comprendre, les accepter pour vivre en harmonie et en paix avec les autres.

Les jeunes dans les conflits

Les jeunes doivent prendre conscience que le recours ou l’implication dans les conflits armés ne sont pas les voies les plus appropriées pour sortir des problèmes de jeunesse et revendiquer leurs place et responsabilité dans la société.

Il est temps que chacun fasse son autocritique et que nous voyions ensemble comment construire un environnement stable et harmonieux. Aussi, pensons-nous qu’il est nécessaire de recourir à d’autres formes de revendications sociales pacifiques et garantissant la sauvegarde du bien commun et individuel ; mais que ça soit des formes de lutte efficace dont les résultats consolident la paix, la démocratie et bonne gouvernance.

Dans le cadre de la prévention des conflits, nous devons aussi nous engager davantage dans l’éducation et la sensibilisation auprès de nos pairs et de nos jeunes frères à travers des modules d’animation ou d’autres moyens possibles dont le but visé est de contribuer à la formation du citoyen imbu des valeurs de démocratie, de paix et bonne gouvernance. Nous devons mener une croisade contre les conflits par l’éducation, la formation citoyenne, le plaidoyer et la médiation, des rôles jusqu’ici dévolus aux adultes.

L’attitude des jeunes face à l’émigration

La question de l’émigration peut avoir tout un sens si nous en faisons une question d’intérêt communautaire. Les jeunes partent car l’horizon s’assombrit pour eux dans leurs pays à cause des mauvaises gestions, du manque de valorisation et de la promotion des médiocres. Que faire pour que les jeunes ne partent plus ? Quelles stratégies pour que ces jeunes restent dans leurs pays avec la bonne volonté de contribuer à quelque niveau que ce soit au développement de leurs pays ?

La recherche de réponses à ces questions devrait impliquer les jeunes en premier lieu, ensuite les gouvernants, les autres acteurs et le secteur privé. Car il s’agit en réalité de prendre en charge de manière responsable les problèmes d’éducation, de formation et d’insertion socioprofessionnelle des jeunes. Mais au-delà il faudrait réfléchir sur certaines valeurs comme la vergogne, la pudeur, la fierté individuelle et collective qui ont jadis forgé les caractères de nos aînés et manquent aux jeunes d’aujourd’hui. Il faudrait aussi, avec l’aide des autorités et parents, développer chez les jeunes le sentiment d’appartenance à un groupe, une communauté, une nation…et prendre conscience du rôle de chacun pour le développement de nos terroirs.

Responsabilités et rôle des jeunes face à l’incivisme, la citoyenneté responsable et la bonne gouvernance

Nous pensons qu’il est nécessaire d’identifier et de formaliser le type de jeunes à promouvoir ; et les voies et moyens pour le promouvoir. Car il est clair que dans chaque pays la finalité éducative veut fabriquer une personnalité donnée. Si au résultat on trouve autre chose que ce qui était recherché, on doit se poser des questions sur les stratégies et les moyens mis en œuvre. Les jeunes ne sont pas forcément ce qu’ils ont voulu faire d’eux-mêmes ; ils sont ce que la société en fait.

Par ailleurs, il faut reconnaître que la vocation du jeune n’est pas seulement de jouir des potentialités de son pays, il a aussi le Mody NDIAYE

La coordination des jeunes sur la gestion des conflits, la paix et la bonne gouvernance en Afrique de l’Ouest, issue du Forum des partis politiques,

des médias, et de la société civile de Cotonou

Dans ce début du 3e millénaire, trois constats justifient aujourd’hui une réflexion sur la situation des jeunes :

Le monde a changé

Il s’amorce une 3e révolution industrielle accompagnée d’un passage à l’ère de la communication. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont réduit le monde en un village planétaire ou les effets deviennent de plus en plus uniformes et rapides. Les grandes puissances y trouvent leurs comptes et les autres sont emballés.

La société a changé 

Dans beaucoup de pays, ce siècle qui s’achève a vu la transition entre une société agraire et une société à dominante industrielle marquant ainsi le passage d’une société rurale à une société urbaine. Les structures familiales ont aussi changé et on assiste à une dislocation de plus en plus persistante du tissu familial. L’exode rural et le chômage massif altèrent profondément l’équilibre entre générations. La société africaine n’échappe point à ces bouleversements et les conséquences sont désastreuses dans l’espace de la CEDEAO.

Les problèmes de la jeunesse constituent une équation difficile à résoudre

L’équation concernant la jeunesse s’est posée pendant bien des années ; elle a commencé dés les premiers temps de l’après indépendance. Des tentatives de résolution ont été mises en œuvre mais les résultats restent faibles voire vains sur le plan éducatif et socio-économique. Il est urgent de trouver les réponses idoines aux problèmes de la jeunesse dans les Etats, aux niveaux sous-régional, régional et mondial, articulées autour de politiques jeunesse intégrées et productrices de résultats.

La notion de « politique de jeunesse » s’est enrichie, est devenue « globale » et donne aujourd’hui une place importante à la participation des jeunes à la prise de décision, à un engagement actif au sein de la communauté voire à la construction de la nation et non plus seulement au développement de leur personnalité.

Ainsi donc, pour éviter le chaos des années à venir, il est important de trouver la bonne réponse à la question : quelle politique de la jeunesse dans l’espace de la CEDEAO ?

I. Situations des jeunes : contexte et tendances

Contexte mondial

La plupart des repères anciens ont été bousculés depuis 1985 et plus particulièrement depuis 1989 qui restera probablement comme une année charnière de l’histoire du XXe siècle.

Si l’on s’accorde à constater qu’avec l’effondrement du bloc soviétique l’ancien équilibre d’un monde bipolaire a disparu, force est de constater également que la bipolarité <<centre - périphérie>> n’en a pas été, pour autant, affecté de façon fondamentale. Le clivage nord-sud demeure plus que jamais.

Le déséquilibre économique

Trois constats :

1) Les 20% parmi les pays les plus riches de l’humanité se partagent 82,7% du PNB alors que 80% de l’humanité se partagent les 17,3% restant ;

2) 60% de l’humanité se partagent un PNB qui représente 5,6% du total ;

3) Les 20% parmi les pays les plus pauvres se partagent seulement 1,4% du PNB.

Non seulement cet écart est énorme, mais il s’est aggravé au cours des trente dernières années. Le rapport entre le revenu des plus riches et des plus pauvres était de 30 à 1 en 1960, alors qu’il atteignait 59 à 1 en 1989. En d’autres termes, la disparité a doublé au cours des trente dernières années.

Situation et tendances démographiques

Tout le débat semble résider au niveau de la distribution inégale de la croissance démographique entre le nord et le sud. Le premier vieillit ; le second rajeunit. Toutes les projections l’indiquent : les plus grands changements de la répartition de la population mondiale se produiront en Afrique dont la part passera de 12% en 1990 à 27% en 2050. La part du monde développé reculera de 23% en 1990 à 13% en 2050 ; alors qu’au sud, la population est de plus en plus jeune ; au nord, elle vieillit.

La population mondiale, estimée à 6 milliards 200 millions en 2000 sera de 7,5 milliards en 2050. Elle s’accroît en fait de 90 millions de personnes par an.

En Afrique, la population est passée de 640 millions en 1990 à 710 millions en 1995. Elle est supposée atteindre 834 millions en 2015 et 1 milliard 600 millions en 2050. Son taux de croissance est de 3% par an.

Les moins de 25 ans représentent 50% de la population mondiale : les jeunes (10-24ans) à peu près 1/3 de la population mondiale. En Afrique, par exemple, plus de 45% de la population a moins de 15 ans. Le poids des enfants et des jeunes est donc important non seulement dans le monde, mais également dans les pays africains.

Contexte africain

L’Afrique a connu bien des infortunes dont les plus marquantes sont la traite des noirs et la colonisation. Elle a connu des moments d’espoir durant les années d’indépendance. Elle est ensuite tombée sous la férule des coups d’état militaires, s’en est relevée ces dernières années et a commencé en de rares endroits à se doter de projets de développement à fondements démocratiques.

Dans bien des domaines, l’Afrique n’a pas su tirer son épingle du jeu, laissant les initiatives aux occidentaux : la plupart des indicateurs nationaux reflètent des taux élevés de pauvreté, de mortalité maternelle et infantile, un taux de déperdition extraordinaire et un analphabétisme répandu.

Un retard économique et son impact social

L’Afrique connaît une baisse continue de son revenu par habitant. Prés de 46% des recettes d’exportation vont au service de la dette. Les programmes d’ajustement structurel (PAS) ont échoué et le NEPAD se cherche encore.

De façon générale, les économies africaines sont caractérisées par des méga tendances conduisant à une stagnation de la productivité. Elles doivent, dans un environnement instable, gérer des rythmes de croissance démographique qui limitent les modes intensifs de production agricole et qui aboutissent à ne pas assurer les conditions de la reproduction. Cette persistance de la crise économique a fortement affecté certains progrès réalisés dans le domaine social. La couverture sanitaire des populations est restée dans la plupart des pays encore très déséquilibrée notamment entre les zones urbaines et les zones rurales, entre capitale et reste du pays. L’espérance de vie reste en moyenne de 49 ans et la probabilité de décès avant l’âge de 5 ans qui reflète les mauvaises conditions des enfants, reste élevée.

La situation nutritionnelle est restée précaire dans l’ensemble de la région du fait des effets conjugués de la crise économique et de la dégradation du niveau de disponibilité alimentaire.

La démocratisation

La démocratisation envisagée sous l’angle d’un « souffle de la liberté » a connu des fortunes diverses. En effet, que ferait un Africain d’un droit de vote qui ne peut contribuer à l’amélioration de sa propre condition ?

En Afrique, on n’a toujours pas su combiner de la meilleure manière les dispositions des instruments juridiques internationaux et les expériences des autres peuples avec les richesses institutionnelles de nos sociétés accumulées depuis l’âge des temps, ni élaborer des textes adaptés à nos réalités politiques, économiques, sociales, culturelles. Il importe de favoriser l’émergence d’une mise en œuvre authentiquement africaine des droits fondamentaux qui intégrerait davantage les droits collectifs. Les droits humains se sont en effet développés au sein d’une tradition libérale occidentale centrée sur l’individu alors que la notion d’individu en Afrique s’appuie sur l’idée de communauté.

Aujourd’hui, de nombreux Etats, influencés par les mouvements de rue et l’ère de démocratisation des années 90, sont revenus à la démocratie représentative. Mais force est de reconnaître que les mandataires des populations, au lieu de recevoir leurs attributions des citoyens, sont plutôt désignés au terme d’élections souvent truquées, non transparentes sauf dans de rares Etats comme au Bénin, au Sénégal et au Mali.

Le contexte ouest-africain : l’espace de la CEDEAO

Place dans l’économie mondiale 

L’Afrique subsaharienne compte aujourd’hui 10% de la population mondiale, contribue à 1% du PIB mondial, accueille 1% des investissements directs étrangers et compte pour moins de 1,5% du commerce international. Cette marginalisation semble principalement due à une stagnation sur le long terme de la productivité qui a conduit, dans le meilleurs des cas, à une faible progression des revenus moyens et, dans l’autre, à une stagnation, voire à une régression, de ceux-ci. De plus, la stagnation de la productivité a engendré la marginalisation du continent par rapport aux flux commerciaux et financiers internationaux et a généré un endettement extérieur difficilement soutenable.

Le chômage des jeunes

Les 16 pays ouest-africains comptent 300 millions d’habitants dont la moitié ont moins de 20 ans et les trois quarts moins de 30 ans. Très souvent, le chômage atteint les 80%, surtout dans les pays en guerre ou qui en sortent, comme le Liberia et la Sierra Leone.

Or "le chômage alimente la violence et la violence alimente le chômage", a souligné M. Ahmedou Ould Abdallah, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest, lors d’une conférence de presse. Les nombreuses tentatives de clandestins de s’introduire dans les enclaves espagnoles de Melilla et de Ceuta dans le nord du Maroc pour passer en Europe illustrent la détérioration de la situation dans la région.

Un rapport de l’ONU publié en décembre a souligné l’effet néfaste du chômage en Afrique sur le développement et la pauvreté. Un autre rapport publié le même mois et intitulé "Le chômage chez les jeunes et les problèmes régionaux de sécurité", prévoit que la population de l’Afrique de l’Ouest atteindra 430 millions d’habitants en 2020. Un tel scénario accentuerait la pression sur les terres et les villes.

« Les difficultés rencontrées par les jeunes ne menacent pas seulement la paix et la stabilité de l’Afrique de l’Ouest », prévient l’émissaire de l’ONU, mais du monde entier puisque "tout le monde tente de gagner l’Europe (...) ou l’Amérique".

Une longue phase d’urbanisation rapide

L’urbanisation de l’Afrique de l’Ouest est, après l’accroissement démographique, le changement le plus spectaculaire de la région au cours des dernières décennies. Aux yeux de certains, c’est aussi le changement le plus préoccupant car rurale à plus de 80 % en 1960, la région est aujourd’hui urbanisée à près de 50%. Cependant, cette dynamique participe de la diffusion du mouvement pluriséculaire mondial d’urbanisation, par rapport auquel l’Afrique au sud du Sahara affichait un grand retard au début de la période.

La dynamique s’est accélérée entre 1960 et 1970 et la croissance urbaine a dépassé 7 % l’an. En 1980, on dénombrait quelque 2 300 centres de plus de 5 000 habitants et une population urbaine totale de 50 millions, dont 30 au Nigeria, soit des niveaux d’urbanisation de 34 % et 42 % respectivement.

Les foyers des conflits

L’Afrique de l’Ouest n’a pas su utiliser ses nombreux jeunes comme potentiel économique. Ces jeunes sont malheureusement considérés comme des poids et facteurs de blocage du processus de développement économique. De ce fait, leurs manques de prise en charge politique font que ces jeunes se laissent enrôler dans toutes sortes de crises pourvu qu’ils survivent (rébellion, bandes armées, braquages, vols à main armée…).

II. Les défis auxquels font face les jeunes

Qu’entend-on par jeunesse ?

La jeunesse est une époque de la vie intermédiaire entre l’enfance et l’âge mûr. La jeunesse ne s’arrête pas au moment de la puberté, qui n’est que le commencement du fonctionnement des organes génitaux, mais seulement vers 25 à 30 ans, selon les sujets. En Afrique, on peut être considéré comme jeune jusqu’à 35 ans.

Définir la jeunesse seulement par l’âge la réduirait à un seul de ses aspects même si c’est un acte politique majeur.

Dans les sociétés dites « traditionnelles », une cérémonie rituelle marquait le passage de l’enfant à l’âge adulte. Ainsi chacun savait-il toujours à quel univers s’identifier et quels devaient être ses modèles de référence.

Dans les sociétés modernes, la disparition progressive de ces rîtes de passage et l’inexistence de succédanés rendent plus incertaine l’entrée dans le monde adulte.

Cependant on peut légitimement affirmer, que la jeunesse constitue un groupe distinct d’individus appartenant à la même génération qui, au-delà de l’hétérogénéité de ses membres et de la spécificité de leurs expériences, obéit à une certaine dynamique sociale dans un contexte historique et structurel donné.

Dans la mesure où ils partagent certaines caractéristiques, les jeunes seront amenés à jouer un rôle social spécifique qui peut du reste revêtir des formes différentes dans des sociétés différentes. On pourra donc considérer qu’ils appartiennent à un groupe social relativement autonome possédant des aspirations et des comportements sociaux propres.

L’objectif social par excellence du jeune d’aujourd’hui serait la quête de la richesse matérielle, l’enrichissement.

Les uns sont mus par la quête de l’enrichissement, et toutes leurs actions y compris leurs pensées les plus secrètes tendent vers ce but ; les autres ne fixent comme objectif à leur action quotidienne que la survie, même s’il leur arrive de rêver de lits d’or et d’argent.

Il est impératif aujourd’hui de concourir à l’émergence d’un jeune africain digne et patriote, un Citoyen, Autonome et Solidaire, Engagé et Responsable (C.A.S.E.R).

A/ LES DEFIS SPECIFIQUES

La question de l’emploi, de la formation et de l’insertion professionnelle

Chômage et emploi : délimitation des notions

Le défi de l’emploi est important car il permet à un jeune d’avoir un statut et un pouvoir économique et augmente ses possibilités d’intégration. Mais il faut noter que ce n’est pas la clef magique. C’est un axe important mais il faut le coupler avec d’autres aspects pour que le jeune arrive à un état de bien être global.

La notion de chômage gagnerait à être précisée. Selon l’optique classique internationale, ne sont considérés comme chômeurs que ceux qui ont une qualification. Cette option est restrictive par rapport au vécu des jeunes. Nous pensons qu’il faut simplement voir comment nos jeunes vivent et sont touchés par les problèmes d’insertion dans le circuit économique global et les solutions qu’on peut leur proposer.

Insertion et approche 

Dans cette recherche de solution, devons-nous nous occuper directement et prioritairement de créer des emplois pour eux, ou nous engager dans une action d’ordre plus ou moins politique permettant aux jeunes de partager le pouvoir avec les autres groupes au niveau de la société ?

Nous devons surtout nous centrer sur l’homme et sur l’action formatrice et éducative. Il s’agit à travers l’éducation par l’action, de faire en sorte que le jeune ait la possibilité d’acquérir une qualification et de la valoriser dans un environnement fiable où il se reconnaît.

Il s’appuiera sur une attitude positive face au travail, capable d’en faire un acteur de développement à partir de ses propres ressources, s’adaptant à un monde en constante mutation, créant des emplois à partir de ses qualifications.

Jeunesse, identité et marginalisation

D’abord notre identité se définit par rapport à notre culture. Or, le constat était justement qu’en terme de culture, on n’offre pas aux jeunes des valeurs cohérentes au niveau de la société mais plutôt des valeurs opposées, irréductibles et concurrentes.

Pour poser cette identité, il nous faut raisonner, par-delà les disparités ethniques, raciales, linguistiques etc., pour ensuite trouver des réponses à la question : que devons-nous faire par rapport aux jeunes dits marginaux ? Cela d’autant plus que les jeunes marginaux ou marginalisés deviennent de plus en plus nombreux.

En effet, la tendance à la mondialisation de l’activité économique s’est renforcée progressivement au cours des dernières décennies. L’internationalisation croissante de la stratégie industrielle des grands groupes en constitue une preuve. Les jeunes en sont les premières victimes. Etre jeune et chômeur, c’est aujourd’hui être de plus en plus marginalisé et/ou dépendant ; c’est vivre une angoisse permanente quant à son avenir ; c’est renoncer à une vie stable et harmonieuse ; c’est souvent se mouvoir en dehors du creuset qui façonne le moule identitaire.

On peut comprendre l’identité comme la manière dont un individu ou un groupe se perçoit et se situe : on s’identifie certes à partir de quelque chose, mais on s’identifie aussi contre quelque chose.

La recherche de solutions passe entre autres actions par :

1) Procéder à une étude plus systématique, à partir d’une écoute active, de la manière dont les jeunes d’aujourd’hui se perçoivent et conçoivent leur propre développement ;

2) A partir d’une connaissance plus approfondie de la « culture jeune », voir comment pousser les jeunes et les accompagner vers des valeurs de promotion collective et individuelle.

Démocratisation : place des jeunes et exigences démocratiques

Le baromètre démocratique se trouve être les élections. En Afrique de l’Ouest, les jeunes, à l’image de leur poids démographique, devraient constituer plus de 60% des listes électorales si les inscriptions se déroulaient normalement et s’ils prenaient la responsabilité de s’inscrire. Il s’agit, pour participer au jeu démocratique, d’être conscient de l’importance de cette force, de s’impliquer et de participer aux élections en optant pour des choix judicieux, utiles, conséquents et responsables.

Les adultes, quant à eux, devraient œuvrer à la mise en place d’un environnement démocratique propice à l’épanouissement de toute citoyenneté et favorisant une paix durable. Ils doivent rompre avec les pratiques aussi nocives et sources de conflit comme :

1) La tenue d’élections non transparentes ;

2) Le changement intempestif des constitutions pour se maintenir au pouvoir ;

3) L’achat des votes des individus surtout des jeunes, affamés au préalable.

La tendance doit être changée par les jeunes qui doivent opter pour le refus de ces formes de pratiques tout en étant patients parce que sachant que c’est un travail de longue haleine.

L’intégration et la libre circulation des personnes et des biens

Les rapports entre les Etats africains sont, sinon d’une pauvreté affligeante, du moins décevants. Comme le note M. Marc Louis Ropivia, "alors que l’Afrique n’a pas encore achevé d’établir le bilan catastrophique de la plupart de ses institutions régionales, ses plus hauts responsables préconisent allègrement l’édification en 2025 d’une ambitieuse Communauté économique africaine dont le théâtre serait le continent tout entier (traité d’Abuja, 1991). »

Si l’intégration par le haut, à travers les SIR, semble être largement mitigée, on note en revanche une prolifération de flux transfrontaliers de marchandises et de personnes, créant ainsi, par le bas, une intégration non officielle. Pour les populations, plutôt que des obstacles, les frontières sont de véritables ressources, surtout lorsqu’elles relèvent de zones monétaires différentes, entraînant leur criminalisation à travers toutes sortes de trafics mafieux de drogue, de fausse monnaie, de la vente d’enfants, etc.

La crise des valeurs

Les jeunes ont perdu leurs repères devant l’inexistence de valeurs reconnues, promues et partagées par toutes les composantes de la société. L’absence de modèle, la perte des repères, la dévalorisation de l’effort des jeunes, la promotion des médiocres font que les jeunes s’identifient à des valeurs étrangères, sans consistance, véhiculées dans les NTIC, les séries télévisées, les journaux etc.

Pourtant, pour d’aucuns, les jeunes ont des repères mais ils sont autres que ceux qu’on veut promouvoir à leur niveau. Quelque part, il y a problème lorsque nous voulons limiter la culture à la tradition. Les jeunes vivent dans un environnement qui appelle des réponses actuelles. En fait, à l’analyse, on se rend compte que le jeune vit dans un univers « culturel » propre. Cette culture se fonde sur une vision du monde qui se traduit par des règles d’actions spécifiques. Certes, on ne peut pas laisser les jeunes déterminer totalement leurs « valeurs repères » car ils sont dans un processus de transition et de maturation. Mais il faut noter qu’ils se construisent une identité et les aider à trouver des éléments d’identification positive. Ces éléments pourront servir de support pour leur développement. Il faut les accompagner dans ce processus à partir de leurs propres centres d’intérêt, les aider à découvrir et développer les aspects positifs et constructifs de leur propre vision du monde.

Il est nécessaire pour cela de :

1) Favoriser l’émergence chez le jeune d’une capacité de jugement critique, de l’aider à pouvoir lire et comprendre les influences diverses qui s’exercent sur lui et des enjeux qu’elles comportent pour son développement ;

2) Permettre de façon plus systématique à chaque jeune en fonction surtout de sa situation et de son projet de vie, de mieux identifier les aspects positifs et constructifs de sa vision du monde. L’aider aussi à construire progressivement ses valeurs pour en faire un citoyen conscient de ses responsabilités et des problèmes de son époque aux niveaux international, national, local et individuel.

Un risque majeur : le sida

Si le sida sévit dans le monde entier, c’est surtout sur le continent africain qu’il enregistre son rythme d’extension le plus rapide, y prenant parfois des proportions alarmantes. Les conséquences du sida sont dramatiques, tant pour les familles que pour la collectivité. Le sida se propage de manière rapide et accélérée avec des disparités comme entre milieux urbains et ruraux. Les jeunes et les femmes sont les principaux exposés à cause de leur position mineure et vulnérable.

Bien que beaucoup de ressources soient déployées pour mieux gérer la prévalence du sida, il faudrait reconnaître que les véritables solutions résident dans l’éducation, l’information et la communication. Il s’agit d’amener les jeunes à vivre une sexualité responsable, une vie de jeunesse réfléchie et ambitieuse.

Lutte contre les mutilations sexuelles

Les mutilations sexuelles sont des pratiques culturelles parfois justifiées religieusement que les anciennes générations tiennent à conserver contrairement à la volonté pour la plupart des concernés (les jeunes filles) et sans aucune garantie sanitaire. Bien que ce soit condamné dans plusieurs Etats, elles se pratiquent dans la clandestinité. Il est temps de prendre ce problème avec plus de responsabilité partout où cela se pratique en ne prenant pas seulement, isolément la question spécifique à la mutilation génitale mais avec toutes les formes de croyances religieuses et traditionnelles qui l’accompagnent parce que cela pose problème quand dans certaines communautés une fille non excisée est confrontée à toute forme de préjugés, à des problèmes de reconnaissance et de valorisation et risque d’être marginalisée. Il est temps de s’engager avec les autres générations à une lutte active contre ces formes de pratique.

B/ DEFIS INTERGENERATIONNELS

La nécessité de décloisonner les problèmes communs

Il s’agit dans l’analyse des défis intergénérationnels de voir comment s’accorder et prendre en charge ensemble les défis communs dans la double perspective d’établir un nouveau contrat social et de construire un nouvel environnement prompt à une vie saine et harmonieuse pour une nouvelle Afrique.

Le déficit de transfert

La relation intergénérationnelle est marquée par une crise de confiance voire une rupture ou un fossé qui chaque jour s’agrandit d’ailleurs entre les anciennes générations et les nouvelles appelé communément : crise générationnelle, due au fait d’un instinct conservateur et le refus délibéré des aînés de céder la place à la nouvelle génération animée d’une volonté, d’un dynamisme, d’une fougue de s’affirmer en un temps record.

1) Transmission des valeurs

La crise des valeurs est une réalité reconnue de tous. Biens que certains facteurs soient exogènes, il faut reconnaître que la plupart est due aux manquements de nos aînés et parents dans la transmission des valeurs. Ils n’ont pas su, sinon de conserver, à la limite d’inventer culturellement et socialement les stratégies idoines pour permettre aux jeunes d’aujourd’hui de pouvoir bénéficier de ce qui a forgé leurs caractères à eux. Ils n’ont pas su laisser la société mieux qu’ils ne l’ont trouvée.

2) Transfert de compétence

Les manquements liés au transfert des compétences se ressentent dans toutes les sphères de la société de nos jours ; par exemple, en milieu universitaire, les tous premiers enseignants ne lésinent pas à déployer toute une série d’armadas pour créer des difficultés aux jeunes générations.

L’armée, dont la spécificité en matière de discipline était sans reproche, est gagnée par cette gangrène de rapport conflictuel marquée par une insubordination chronique émanant des classes subordonnées où l’on retrouve une forte proportion de jeunes.

Dans l’éducation, les inspecteurs vus comme des gendarmes entretiennent des relations électriques avec les enseignants qui, en réalité, ont plus besoin de leurs apports en terme de renforcements de capacités et de leur accompagnement dans les tâches quotidiennes. Ces éléments sont cités à titre d’exemple.

Il nous semble que la question de la promotion de la jeunesse est juste un slogan des Etats mais n’est pas encore devenue un fondement dans l’esprit de chacun d’entre nous, individuellement et collectivement. Transférer des compétences devrait se fonder sur au moins quelques principes :

  • Beaucoup d’ouverture et de générosité dans l’offre ;
  • Nette volonté pour promouvoir les nouvelles générations ;
  • Garanties du suivi générationnel sur l’évolution de la science et la promotion des valeurs.

3) Le manque de communication et le décloisonnement social

La communauté, telle qu’elle fonctionne aujourd’hui ne favorise pas la communication intergénérationnelle et le décloisonnement social. Les différents acteurs sont tombés dans le piège du « milieu ». Le « grand place » est celui approprié pour les adultes après la retraite ; le « coin de rue » pour les jeunes ; l’espace de jeux pour les enfants ; les cérémonies pour les femmes ; et les adultes en activité, à cause de leurs obligations de prise en charge de toute la famille, passent leurs temps à la recherche du profit. Bref, chacun fait quelque chose dans son milieu et du coup personne n’est informé de ce que fait l’autre et à chaque fois on s’étonne d’être au devant de nouveautés que l’on juge sans en comprendre le sens de négatif et d’anti-valeurs.

Il est nécessaire de favoriser des cadres de dialogue permanents dans les familles comme dans les communautés dans la double perspective de réduire le déficit de communication générationnelle mais aussi de mobiliser les intrants endogènes et exogènes pour une cohésion et une paix sociale.

Pourtant, nous jeunes, on a tout a y gagner car nous devons réduire ce fossé de manque de communication pour nos jeunes frères.

La crise de l’exemplarité

Devant l’absence de modèle reconnu et partagé dans la société, les jeunes s’identifient à d’autres modèles issus des séries télévisées, des réseaux télématiques et des espaces de croyance (confréries, club, clan…). Des exemples qui portent des valeurs et sur qui les jeunes peuvent s’identifier, ils n’en existent presque plus. Cela est d’autant plus dangereux que les attitudes négatives des adultes se transmettent aussi chez les jeunes et les enfants qui apprennent plus par l’exemple. Si nous savons quel type de jeune nous voulons promouvoir dans la société, nous devons sécuriser son environnement pour qu’il y ait une cohérence entre les individus et les valeurs promues.

Lutte contre la pauvreté

Le développement peut s’appuyer sur des mécanismes endogènes. Mais, dans le cas des pays d’Afrique subsaharienne les plus démunis, divers mécanismes d’aide internationale n’en sont pas moins indispensables.

En 2000, les Nations Unies avaient défini des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD)* visant à réduire l’extrême pauvreté d’ici à 2015. De nombreux États africains sont concernés. Les fonds nécessaires à leur mise en œuvre doivent être rassemblés pour 2010 ; l’Aide publique au développement (APD) devrait alors atteindre 130 milliards d’USD (contre 80 en 2004), soit 50 milliards supplémentaires, dont la moitié destinée à l’Afrique. Mais, selon les derniers engagements pris par les pays développés du G8, il n’est pas précisé si les mesures d’annulation de la dette feront partie de ces montants.

Des mécanismes de taxation redistributive ont également été proposés. Par exemple, le Trésor britannique espère lever 4 milliards d’USD d’ici à 2015 par le biais d’un système de "Facilité financière internationale". Les Français, suivis par les Chiliens et les Britanniques, ont proposé une taxe sur les billets d’avion qui vient d’être effective en France.

À moins de 10 ans de l’échéance de 2015, les OMD des pays d’Afrique subsaharienne paraissent souvent loin d’être acquis : 42 des 47 pays concernés ne pourront pas atteindre la moitié d’entre eux et 12 pays ne devraient en atteindre aucun. Au demeurant, la définition de ces objectifs a mobilisé la coopération internationale contre la pauvreté en la dotant d’un contrat collectif et d’un calendrier, premier exemple d’une planification de développement à l’échelle mondiale. La gestion de l’aide a été recentrée sur la recherche de résultats plutôt que sur le suivi des moyens mis en œuvre. Des cercles vertueux d’un développement durable en Afrique pourraient en être favorisés.

La réflexion sur les conditions du développement en Afrique passe aussi par l’examen du couple développement - gouvernance. Comment fonctionne leur corrélation ? Une bonne gouvernance est-elle la condition d’un développement vertueux ou l’inverse ?

Le défi des conflits dans l’espace CEDEAO

Neuf parmi les seize Etats de la CEDEAO ont connu l’acuité d’une situation de conflit. Si le Libéria et la Siéra Léone viennent d’achever leur processus de DDR avec un relatif succès, d’autres comme la Côte d’Ivoire viennent seulement de démarrer. Ailleurs des Etats et des populations de la région sont encore confrontés soit à une rébellion, soit à des bandits armés. S’il est vrai que ces conflits sont facilités par la prolifération des armes légères dans la sous-région et la porosité de nos frontières, ils n’en constituent pas pour autant les véritables causes.

En effet, les trois-quarts de la population ouest-africaine ont moins de trente ans. Ce sont des jeunes qui aspirent à un mieux être ; et devant l’absence de politiques de la jeunesse prenant en compte leurs intérêts, la plupart de ces jeunes sont livrés à eux-mêmes, soumis à la cruauté de la vie.Cela explique parfois leur enrôlement dans les conflits armés ou le fait qu’ils viennent grossir les rangs des candidats à l’émigration clandestine, faute de possibilités légales.

La paix et la stabilité en Afrique de l’Ouest dépendent de la prise en charge politique de l’équation que posent les problèmes de jeunesse, du recours à la bonne gouvernance et de la valorisation des ressources humaines. Cette question est tellement cruciale que toutes les générations doivent être solidaires pour sa prise en charge responsable avec des solutions durables. Qu’ils soient gouvernants, opposants ou rebelles, les adultes doivent arrêter d’enrôler les jeunes dans les conflits et de tirer eux-mêmes les ficelles. Et pour cela, il faut convenir de mécanismes endogènes de prévention des conflits mais aussi de sanctions.

La sécurité humaine

La question de la sécurité humaine constitue un enjeu majeur pour les jeunes de la région. A la fois acteurs et victimes de violence, les jeunes et particulièrement les filles, sont exposés aux violations des Droits de l’Homme, aux confrontations armées dans les conflits et les guerres, et aux répressions sanglantes des régimes et factions politiques ne respectant pas la démocratie. Les jeunes sont porteurs d’une forte demande sociale pour échapper au dénuement et à l’extrême pauvreté. La société doit assumer une prise en charge de leurs besoins élémentaires et les impliquer dans la recherche et la réalisation des solutions durables. Pour cela, il faudrait :

Au plan individuel

1) Renforcer l’éducation des enfants et des jeunes en les aidant à développer pleinement leurs potentialités aux niveaux physique, social, économique, spirituel, émotionnel et culturel et ce, de manière intégrée et diversifiée ;

2) Faciliter l’accès aux soins de santé dans un environnement sain ;

3) Mettre en place et assurer pour les jeunes un dispositif de formation, de valorisation et d’insertion socioprofessionnelle ;

4) Aider chaque jeune à jouir pleinement de sa liberté, à vivre ses droits et devoirs, à se reconnaître dans la société et participer avec citoyenneté au jeu démocratique.

Au plan collectif

1) Oeuvrer pour une société juste et équitable qui favorise la promotion de tous ;

2) Développer une citoyenneté centrée sur la sécurité de l’individu car comme disait Baden POWELL, le fondateur du scoutisme : « il faut développer la société en développant les gens qui la composent »

Une nouvelle gouvernance

La bonne gouvernance rime avec la gestion transparente et la distribution équitable des richesses et des ressources, et les transferts raisonnés dans l’éducation et la santé qui doivent déboucher sur de meilleures conditions de vie des populations.

L’approche semble être restrictive car ne prenant pas en compte les dimensions endogènes et culturelles spécifiques aux communautés et aux Etats de la région. La réflexion devrait se situer vers d’autres mécanismes qui impliquent les expériences de gouvernance endogène dans lesquels nous nous reconnaissons, au travers des codes, de symboles et de pratiques ancrées dans nos réalités et garantissant à chaque acteur de quelque génération que ce soit, une participation active et une responsabilité plus accrue à la vie communautaire.

Et au-delà, nous préconisons l’intégration de l’éducation à la nouvelle gouvernance endogène dans les programmes d’enseignement et de formation pour préparer les enfants et les jeunes aux responsabilités qui les attendent. Là aussi les adultes ont intérêt à jouer un jeu sincère.

C- RESPONSABILITES ET ROLES DES JEUNES POUR RELEVER CES DEFIS

Les chances de développement et de stabilité de l’Afrique de l’Ouest seront sapées tant que les tendances démographiques, les politiques économiques et les pratiques de gouvernance actuelles maintiendront des dizaines de millions de jeunes sans emploi et dans le désespoir quant à leur avenir. Ce qu’il faut pour résoudre ce problème pour l’Afrique de l’Ouest, c’est une approche régionale, intégrée et complète.

Les jeunes ne doivent pas du reste attendre que les solutions tombent du ciel. Ils doivent activement participer à la recherche et prendre leurs responsabilités sur certaines questions dont ils sont acteurs ou victimes.

L’éducation, la formation et la responsabilisation des jeunes

La prise en charge éducative présente un certain nombre de limites dans la sous région :

1) Taux de scolarisation limité

2) Insuffisance du personnel enseignant et de la formation pédagogique

3) Programmes et curricula peu adaptés

4) Absence de débouchés

5) Fort taux d’échec scolaire

6) Système à quatre vitesses

7) Manque de diversification et d’enrichissement des modèles éducatifs

L’insertion dans le système éducatif et la réussite scolaire dépendent directement du milieu d’origine :

1) Les plus pauvres n’ont pas toujours accès à l’école

2) Les populations défavorisées y ont un accès limité et préfèrent souvent une formation professionnelle

3) Les classes moyennes connaissent un taux d’échec scolaire moyen

4) Les classes supérieures ont généralement accès aux grandes écoles privées.

Dans un tel contexte, l’éducation non formelle constitue un enjeu pour le développement

Les axes programmatiques investis le plus souvent au niveau des structures de l’éducation non formelle sont :

1) Alphabétisation et éducation de base

2) Education à la vie familiale et en matière de population

3) Education relative à l’environnement

4) Education à la paix et à la citoyenneté

Alors qu’il est impératif de répondre à un certain nombre de préoccupations :

  • Répondre progressivement à une demande de formation et de savoir-faire. La recherche de la qualité de l’éducation restant bien entendu une priorité.
  • Former des citoyens responsables qui puissent “comprendre” le monde.
  • Assurer une meilleure expertise en ce qui concerne les questions de planification, de gestion et de suivi de la qualité des activités éducatives.
  • Contribuer efficacement à l’enseignement formel en terme de compléments notamment dans l’enrichissement des thèmes et des pratiques afin d’aboutir à un programme éducatif attrayant pour les jeunes, mais aussi pertinent et utile.
  • Proposer des cadres d’intervention ou situations prenant mieux en charge la nécessité d’une réadaptation des programmes et méthodes éducatives.

Devant l’échec des stades d’éducation formel et informel et les offres diversifiés du non formel à capitaliser, il est urgent d’œuvrer dès maintenant pour une articulation des stades d’éducation en prenant en compte ces quelques éléments d’enjeu impératifs pour chaque jeune de l’Afrique de l’Ouest :

1. Vivre une aventure qui lui permettra de s’épanouir, de développer ses capacités, aptitudes et attitudes, de s’améliorer, de devenir leader en partenariat avec des pairs et des adultes qui le respectent, reconnaissent sa personnalité, son originalité.

2. Etre acteur de son propre développement, en suivant son rythme propre, selon ses centres d’intérêt.

3. Apprendre en agissant et agir en apprenant.

4. Apprendre par soi-même en travaillant avec des pairs, en prenant progressivement des responsabilités, en créant, en développant sa capacité d’expression, de diriger, de coopérer, de négocier, dans une saine atmosphère.

5. Vivre la démocratie, la discipline et l’autodiscipline librement consenties, participer aux prises des décisions le concernant, celles qui intéressent la vie de son groupe et les activités qui y sont menées.

6. Donner du sens à ses actions, aller au contact de l’autre, se rendre utile, servir sa communauté.

7. Acquérir des valeurs qui feront de lui un citoyen modèle

9. Découvrir d’autres personnes, d’autres cultures, d’autres contrées et apprendre à les comprendre, les accepter pour vivre en harmonie et en paix avec les autres.

Les jeunes dans les conflits

Les jeunes doivent prendre conscience que le recours ou l’implication dans les conflits armés ne sont pas les voies les plus appropriées pour sortir des problèmes de jeunesse et revendiquer leurs place et responsabilité dans la société.

Il est temps que chacun fasse son autocritique et que nous voyions ensemble comment construire un environnement stable et harmonieux. Aussi, pensons-nous qu’il est nécessaire de recourir à d’autres formes de revendications sociales pacifiques et garantissant la sauvegarde du bien commun et individuel ; mais que ça soit des formes de lutte efficace dont les résultats consolident la paix, la démocratie et bonne gouvernance.

Dans le cadre de la prévention des conflits, nous devons aussi nous engager davantage dans l’éducation et la sensibilisation auprès de nos pairs et de nos jeunes frères à travers des modules d’animation ou d’autres moyens possibles dont le but visé est de contribuer à la formation du citoyen imbu des valeurs de démocratie, de paix et bonne gouvernance. Nous devons mener une croisade contre les conflits par l’éducation, la formation citoyenne, le plaidoyer et la médiation, des rôles jusqu’ici dévolus aux adultes.

L’attitude des jeunes face à l’émigration

La question de l’émigration peut avoir tout un sens si nous en faisons une question d’intérêt communautaire. Les jeunes partent car l’horizon s’assombrit pour eux dans leurs pays à cause des mauvaises gestions, du manque de valorisation et de la promotion des médiocres. Que faire pour que les jeunes ne partent plus ? Quelles stratégies pour que ces jeunes restent dans leurs pays avec la bonne volonté de contribuer à quelque niveau que ce soit au développement de leurs pays ?

La recherche de réponses à ces questions devrait impliquer les jeunes en premier lieu, ensuite les gouvernants, les autres acteurs et le secteur privé. Car il s’agit en réalité de prendre en charge de manière responsable les problèmes d’éducation, de formation et d’insertion socioprofessionnelle des jeunes. Mais au-delà il faudrait réfléchir sur certaines valeurs comme la vergogne, la pudeur, la fierté individuelle et collective qui ont jadis forgé les caractères de nos aînés et manquent aux jeunes d’aujourd’hui. Il faudrait aussi, avec l’aide des autorités et parents, développer chez les jeunes le sentiment d’appartenance à un groupe, une communauté, une nation…et prendre conscience du rôle de chacun pour le développement de nos terroirs.

Responsabilités et rôle des jeunes face à l’incivisme, la citoyenneté responsable et la bonne gouvernance

Nous pensons qu’il est nécessaire d’identifier et de formaliser le type de jeunes à promouvoir ; et les voies et moyens pour le promouvoir. Car il est clair que dans chaque pays la finalité éducative veut fabriquer une personnalité donnée. Si au résultat on trouve autre chose que ce qui était recherché, on doit se poser des questions sur les stratégies et les moyens mis en œuvre. Les jeunes ne sont pas forcément ce qu’ils ont voulu faire d’eux-mêmes ; ils sont ce que la société en fait.

Par ailleurs, il faut reconnaître que la vocation du jeune n’est pas seulement de jouir des potentialités de son pays, il a aussi le devoir d’être un citoyen exemplaire, respectueux, ambitieux et qui contribue, selon ses possibilités, activement au développement de son pays.

La contribution peut être de divers ordres. Elle pourrait être une participation remarquable à la recherche de solutions aux problèmes communautaires ; elle pourrait consister aussi en une lutte pacifique pour le respect des lois et règlements qui régissent le pays ; il y a enfin la nécessaire participation à la consolidation de la démocratie et la promotion de la bonne gouvernance au niveau des pays et dans toute l’Afrique de l’Ouest.

Pour conclure

On se rend compte que si des changements fondamentaux ne s’opèrent pas très vite en Afrique de l’Ouest et en Afrique plus globalement, les choses iront de mal en pire. Nous suggérons deux perspectives dans la recherche de solutions durables :

  • Comment prendre en charge l’équation que posent les problèmes de la jeunesse en faisant d’elle, au lieu d’un lourd poids à gérer, un potentiel économique conséquent pour la paix et le développement du continent ?

Quelles sont les stratégies idoines, adaptées aux exigences du temps, qui peuvent contribuer à réduire le « fossé générationnel » et par là, pérenniser un dialogue intergénérationnel producteur d’une société modèle qui garantisse l’épanouissement total de chaque citoyen ?

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